Billevesées:

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mot emprunté au père moustachu de Wendy, fiancée de Peter Pan et femme-enfant-maman. Mon avatar, en quelque sorte. Mes billevesées sont les manifestes d'une femme-enfant-maman du 21ème siècle.

dimanche 8 mai 2011

Une question m'obsède: ai-je moi aussi l'air tragique ou emprunté quand au cinéma le générique de fin se termine, que les lumières sont rallumées et qu'il faut se couvrir pour sortir en musique?
Ce court moment de la sortie d'un film est souvent un moment qui m'orripile. On a peur d'ouvrir sa bouche pour sortir, peut-être trop tôt, son point de vue sur le film. On a envie d'être dans la justesse, dans la finesse, dans la non trahison de ce si beau moment qu'est la fin du générique de fin.

Je crois que certains réalisateurs, beaucoup même, tous peut-être, jouent avec ce moment, en connaissance de cause.

Je n'ai pas vu "Le premier jour du reste de ta vie" de Rémi Bezançon au cinéma. Le générique de fin de ce film est la chanson éponyme d'Etienne Daho. Violon, voix triste d'Etienne Daho, et puis la dernière image du film est celle de la petite dernière de la famille, apparemment jeune femme maintenant, qui fait un test de grossesse dans la salle de bains de ses parents, découvre que celui-ci est positif, et puis le sourire de fin laisse penser que la nouvelle la rend heureuse. On a donc de toute manière envie de pleurer juste à la fin du film, avant le générique. Mais le générique en rajoute. Alors j'aime m'imaginer la fin des séances de cinéma qui projetaient ce film à sa sortie. Lourd silence, petits "snifs" féminins, on prend sa veste en silence, on se dirige vers le bout de la rangée de siège en silence,(" rester debout mais à quel prix"), on se retourne délicatement pour voir si son amoureux est toujours derrière nous ou si le prof de lettres pré-retraité qui était assis juste à côté de nous avec ses lunettes sérieuses l'a dépassé entre les sièges du milieu et ceux plus proches de la sortie. On ouvre délicatement la porte "sortie de secours" ("sacrifier son instinct et ses envies") qui fait office de porte de sortie pour les séances de 22h, on la laisse ouverte pour le prof de lettres ("les plus essentielles"), on attend son chéri dans le hall et on sort avec lui, toujours en silence.

Certaines personnes vont généralement à contre courant de ce silence post générique. Le faux couple "meuf rebelle de médiation culturelle et son meilleur ami gay en fac d'anglais", qui prennent juste après la séance le dernier RER pour Bourg la Reine, eux, ne se privent pas de critiquer la monumentale bouse, mi hilares mi vénères d'avoir du assister à cette supercherie du cinéma français. Prise d'otage, navet français comme le cinéma hexagonal en produit depuis ces cinq dernières années. Ils n'y croient pas, et pour manifester leur colère, ne tiennent même pas la porte à la sortie, et laissent leur "3 Couleurs" sur le fauteuil.

Je m'interrogerai toujours sur ce moment mi musical mi cinématographique, et surtout sociologique, qui est celui des fins de séances. Sur ma place, en général, dans cette situation. Peut-être manque t-il un petit quelque chose, dans ce moment de rupture entre le week-end et le retour aux réalités qui se réveillent le dimanche soir, quand le dernier bon moment, celui du ciné, est désormais achevé. De nouvelles bande-annonces? Un "bonsoir" de Jean Mineur (ma solution préférée)?

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